Nous arrivons dans un tout petit port "familial" après plusieurs nuits de mouillage forain. Besoin d'une vraie douche chaude, ça tombe bien elle est toute neuve (oui il n'y en a qu'une, mais comme nous sommes les seuls touristes, pas bien gênant). Le préposé à l'entretien nous fait faire le tour du propriétaire, nous trouve une carte du coin, bref nous gratifie d'un accueil des plus sympas. Nous allons rester plusieurs jours, le centre historique est à 15 mn à vélo par une piste cyclable qui serpente entre vaches et moulins.

Haarlem est une ancienne ville protestante qui a contribué à bouter les catholiques espagnols hors du pays. En témoigne l'imposante église St Bavon (on ne rit pas, le monsieur a bien existé et il a une autre grande église à Gand en Belgique) qui fait plus de 100m de long, près de 50m de large et 30m de haut, sans pencher ! Des piliers ornés de peintures du début du XVème, une voûte en étoile en cèdre...

Magie, magie

Un peu émue par tant de beauté lumineuse et sans fioriture, je m'assied sur un banc face aux grandes orgues construites par Christian Müller au début du XVIIIème. J'ai lu qu'avec leurs 5068 tuyaux (pas un de moins)elles étaient mondialement reconnues pour leur qualité acoustique, et Haendel et Mozart sont venus les essayer. Et là, surprise... J'ai eu droit à un concert d'une bonne demi-heure d'oeuvres classiques (probablement du Haendel justement) et plus récentes, dont visiblement le but était de montrer l'ampleur des possibilités des différents claviers et pédaliers. Des sonorités de flûte champêtre, hautbois, clarinette, trompette, basson, cymbales... Par moments je sentais les vibrations monter du sol le long de la colonne vertébrale jusqu'au sommet du crâne, l'impression d'avoir les cheveux droits sur la tête... J'ai attendu que l'organiste (un gars en jean tout sourire) descende pour aller le remercier, un beau moment chaleureux.

La veille au soir nous avions flâné avec Gilles au bord de la Spaarne, et bingo on avait eu droit au Spaarne Concert du 1er juillet, ça tombait bien puisqu'on était le 1er juillet. Les gens écoutent sur les rives et sur l'eau, normal.

Et dans l'après-midi on s'était offert une visite au Frans Hals Museum à la muséographie encore une fois toute instructive et humoristique. L'art de désacraliser l'art !

Comme son nom l'indique, les pièces maîtresses du musée sont les portraits et tableaux de groupes de Frans Hals, un des trois grands peintres hollandais du siècle d'or (le XVIIème, on en a déjà parlé...) avec Rembrandt et Veermer. Frans Hals devait être un joyeux parce que ses portraits ont souvent le sourire et ses personnages saisis en plein mouvement, comme dans un instantané photographique. J'y ai découvert aussi Johannes Cornelis Verspronck (à vos souhaits !) dont les portraits de dames certes fort austères présentent une c arnation de la peau, que pôvre, on dirait du vrai. 

Et puis sur la place, une statue en bronze du Sieur Laurens Coster considéré ici comme l'inventeur de l'imprimerie en 1423 (oui juste avant Gutenberg), ce qui ma foi semble fort contestable, on ne va quand même pas remettre en cause nos fondamentaux d'école primaire!