Pauvre Sambre

Changement de programme donc, nous prenons la Sambre plein ouest pour passer par Charleroi et redescendre ensuite en France du côté de Valenciennes, pas le choix. Moral moyen, il pleut, on frôle la panne de gasoil au milieu de nulle part... mais pas loin d'un pont sous lequel il y a un couple d'amoureux qui vont nous indiquer une pompe dans les parages où Gilles va aller à vélo. Il reviendra dans un camion avec le vélo et deux bidons, accompagné par un jeune fin mûr (wisky-bière) mais adorable. Bref, la vie est belle.

Le lendemain soir le capitaine du petit port où nous passerons la nuit nous amènera dans sa voiture à la station service du village voisin en nous prêtant 10 bidons de 20l, de quoi tenir un bout de temps. Cette gentillesse nous fait chaud au coeur, d'autant qu'ici personne ne roule sur l'or et tout témoigne d'un désastre économique d'une telle ampleur qu'on voit mal comment la région pourrait en sortir... 

Au matin notre première écluse nous avait offert un spectacle poignant : des dizaines et des dizaines de poissons morts le ventre à l'air au milieu de rats eux aussi morts, les pattes en l'air... Ma petite personne sensible serrait les dents, l'estomac bien retourné. Et puis un tel sentiment de désarroi sur cette Sambre empoisonnée (au port suivant des gens nous diront avoir vu des cochons gonflés passer dans l'eau...) dans laquelle on déverse n'importe quoi. Beaucoup d'entreprises de recyclage (métal des anciennes usines, déchets urbains...) longent les berges, est-ce elles les responsables ? Misère, misère, tout est gris.